Chapitre 15

 

Le garçon me fit franchir une nouvelle porte condamnée, qui donnait sur une autre pièce empestant la pourriture et le renfermé. C’était là, entre deux tours de cageots de bois pourrissants, qu’il avait caché sa pile de trésors – une poignée de billes, des pierres colorées, des plumes, une timbale peinte en bleu ciel, et un animal cousu main qui était soit un chien soit un éléphant.

— Je crois que tu as oublié quelque chose, dis-je en m’accroupissant près de la pile.

Je tirai la bille verte de ma poche. Le garçon émit un gazouillis muet, puis m’entoura de ses deux bras. J’hésitai, surprise, puis lui rendis son étreinte.

— Comment tu t’appelles ? lui demandai-je.

Il se contenta de me regarder en souriant puis de hocher la tête.

Je me désignai.

— Eve. Je m’appelle Eve. Et toi ?

Son sourire s’illumina de quelques watts supplémentaires mais, cette fois encore, il ne répondit que par un signe de tête.

— Je vais t’aider à sortir d’ici. T’emmener dans un endroit sympa. Ça te plairait ?

Il hocha la tête, souriant toujours. Si je lui avais proposé d’aller faire du traîneau en Sibérie, il m’aurait sans doute répondu par le même signe de tête assorti du même sourire, sans comprendre ce que je lui demandais, mais parfaitement disposé à accepter tout ce que je lui suggérerais.

— On va bientôt partir, bonhomme, lui dis-je. Il me reste juste un truc à faire ici. Trouver quelqu’un. Qui est ici. (Je m’interrompis.) Peut-être que tu pourrais m’aider.

Sa tête s’agita vigoureusement de haut en bas et je sus que, cette fois, il m’avait comprise. Je lui décrivis donc Amanda Sullivan. Mais son regard se voila sous l’effet de la déception et il secoua lentement la tête. Trouver quelqu’un, c’était un concept qu’il comprenait – appliquer une description physique à cette personne le dépassait.

Je me concentrai sur l’article que j’avais lu, celui qui comportait la photo de Sullivan, et m’efforçai de la matérialiser. Rien ne se produisit. Aucun problème. Mes talents étaient peut-être faibles de ce côté-ci, mais je pouvais le faire facilement dans ma propre dimension, si bien qu’après avoir promis de revenir, je basculai dans le monde des fantômes, fis apparaître la photo, puis retournai de l’autre côté.

— Voici la photo de la femme que je cherche.

Il poussa un petit cri aigu et plongea derrière moi, agrippant ma jambe, visage enfoui contre ma cuisse. Je me laissai tomber à genoux. Il appuya le visage contre mon épaule. Son corps maigre trembla contre le mien et je me maudis. Il savait – ou devinait – ce qu’avait fait Sullivan. Je l’étreignis pendant quelques minutes, lui tapotant le dos et lui murmurant des paroles réconfortantes. Quand il cessa de trembler, je fourrai la photo dans ma poche.

— Laisse tomber, lui dis-je. On va te…

Il m’agrippa la main et voulut m’entraîner, une expression résolue sur son visage maculé de larmes. Comme je ne bougeais pas, il poussa un soupir déçu, relâcha ma main et fila. Je m’élançai à sa suite.

Je suivis le gamin tandis qu’il remontait la rangée de cellules souterraines, franchissait la trappe, traversait le bloc de cellules, plusieurs autres pièces, un autre poste de garde et d’autres portes encore plus solidement blindées, pour rejoindre un deuxième bloc de cellules, plus petit celui-là. Toutes ces cellules étaient occupées. Le quartier de haute surveillance. Il me conduisit à la dernière. À l’intérieur, en train de lire le Ladies’ Home Journal[1], je vis Amanda Sullivan.

Je me retournai vers le garçon. Il était parti se planquer derrière le mur de la cellule, de sorte que Sullivan ne puisse le voir.

— Ne t’inquiète pas, lui dis-je. Elle ne peut pas te faire de mal. Promis.

Il sourit lentement et hocha la tête. Il fonça sur moi, m’entoura de ses deux bras en une étreinte fervente et furtive. Puis il s’élança le long du couloir.

— Non, criai-je en fonçant à sa suite. Viens…

Une main me saisit par le bras. Je me retournai pour voir Trsiel.

— Ce gamin, lui dis-je. C’est un fantôme.

— George.

— Vous le connaissez ?

— Sa mère était une détenue. Il est né ici, et il y est mort cinq ans plus tard. De la variole.

— Il vivait ici ?

— À la naissance de George, le médecin de la prison était chez lui. Apparemment, il a décidé de ne pas perdre de temps de sommeil en venant ici. George est né avec le cordon ombilical autour du cou. La compagne de cellule de sa mère l’a ranimé, mais son cerveau a subi des dégâts.

— Et personne n’a voulu de lui, murmurai-je.

Trsiel hocha la tête.

— On l’a autorisé à rester ici, avec sa mère.

— Pourquoi est-ce qu’il se trouve encore ici ? Est-ce que quelqu’un ne devrait pas…

— Le sortir d’ici ? Au début, nous avons essayé, mais il trouvait toujours moyen de revenir, comme un pigeon voyageur.

— Parce que c’est tout ce qu’il connaît. Et il est heureux ici. (Je revis le garçon faire semblant d’ouvrir les portes avant de les franchir.) Il n’a pas compris qu’il était mort.

— Y a-t-il la moindre raison de le lui apprendre ?

Je secouai lentement la tête.

— J’imagine que non.

— Cet endroit… (Trsiel désigna le bâtiment autour de nous)… ne durera pas éternellement. Quand il sera démoli, ou abandonné, nous reprendrons l’enfant, sans doute pour le réincarner. Dans ce cas précis, c’est la chose la plus humaine à faire.

— Et en attendant, c’est le laisser ici qui est la chose la plus humaine. (Je cessai de penser au garçon pour me concentrer sur Amanda Sullivan.) Voici la candidate numéro un.

Ses yeux flamboyaient tandis que Trsiel la toisait. Il serra la main droite comme pour saisir quelque chose… la poignée de son épée par exemple.

— Bon choix, dit-il.

— Vous voyez déjà ?

— Assez pour savoir que c’est un bon choix. Pour y voir plus, il faut me concentrer. (Il me jeta un coup d’œil.) Je pourrais faire ça pour vous.

— C’est mon boulot. (Je tendis la main.) Finissons-en.

 

Un montage d’images défila en accéléré, si vite que je ne perçus que des couleurs floues. Puis la bobine ralentit… pour ne montrer que des ténèbres. J’attendis avec une impatience croissante, comme une spectatrice de théâtre qui se demande quand le rideau va se lever.

Une voix flotta à mes oreilles.

— Je veux lui faire du mal. Comme il m’en a fait.

Il existe bien des façons de réciter cette réplique, bien des nuances d’émotions pour colorer et déformer les mots, furieuses pour la plupart, teintées par le feu furtif de la passion que l’on regrette plus tard, ou la froide détermination de la haine. Mais je n’entendais là que le geignement irascible d’une enfant gâtée devenue adulte gâtée, et qui n’avait jamais appris que le monde ne lui devait pas une vie parfaite.

Une autre voix lui répondit, murmure qui s’élevait puis retombait avec la cadence d’un canot tanguant sur un faible courant.

— Comment tu ferais ?

— Je… je n’en sais rien. (On entendait clairement une nuance boudeuse, puis exigeante.) Dites-le-moi.

— Non… c’est à toi de me le dire.

— Je veux lui faire mal. Le faire payer. (Une pause.) Il ne m’aime plus. Il me l’a dit.

— Et que veux-tu y faire ?

— Lui prendre ce qu’il aime vraiment.

Gloussement de satisfaction béate, comme si sa propre perspicacité venait de la surprendre.

— Et ce serait quoi ?

— Les enfants.

— Alors pourquoi tu ne le fais pas ?

Je patientai, tendue, m’attendant à entendre la raison évidente – la raison naturelle, mêlée à une bouffée d’horreur à l’idée d’y avoir même songé en premier lieu.

— J’ai peur, dit-elle.

— Peur de quoi ? demanda la voix.

— De me faire prendre.

Je rugis et me projetai contre les confins de l’obscurité qui m’entourait.

Les voix disparurent et je me retrouvai dans une petite pièce. Je chantonnais tout en me frottant les mains. Je baissai les yeux pour les regarder. Une savonnette dans l’une, un gant de toilette dans l’autre. Une gerbe d’éclaboussures et un cri aigu de ravissement. Je levai les yeux, chantonnant toujours, et vis trois petits enfants dans la baignoire.

Je tentai de dégager ma conscience, qui hurlait et se débattait, de celle de Sullivan. Heureusement, la scène s’assombrit.

Une bouffée de haine m’envahit. Pas celle que j’éprouvais vis-à-vis d’elle, mais celle que lui inspirait une autre femme. Je me trouvais de nouveau à l’intérieur d’Amanda Sullivan, dans un autre endroit sombre. Sombre et vide. La nixe avait disparu.

Disparue ! La salope ! Elle m’a abandonnée, laissée ici toute seule. Elle avait promis que je ne me ferais pas prendre. Elle avait promis, promis, promis !

Autour de moi, le monde s’éclaircit, comme si une brume se dissipait. L’infinie litanie de haine, de reproches et d’auto-apitoiement me tournoyait toujours dans la tête. Devant moi était assis un homme séduisant vêtu d’un costume.

— Cette voix…, dit l’homme, d’une voix égale de baryton. Dites-m’en plus.

— C’est elle qui m’a dit de le faire. Elle m’y a forcée.

Les yeux de l’homme sondaient ceux de Sullivan, inquisiteurs, sans qu’il gobe ses conneries un seul instant.

— Vous en êtes sûre ?

— Évidemment. C’est elle qui m’a dit de le faire.

— Mais quand vous avez parlé à la police, vous lui avez dit qu’elle vous y avait encouragée. Ce n’est pas la même chose.

— Mes enfants étaient morts ! Morts ! D’accord, je me suis trompée de mot, alors faites-moi poursuivre en justice, connard ! J’étais anéantie. (Un sanglot calculé.) Mon univers… venait d’être détruit.

— De vos propres mains.

— Non ! C’est elle qui l’a fait. Elle… a pris le contrôle de mon corps. C’était son idée…

— Vous avez dit que c’était la vôtre. Que vous y aviez pensé…

— Non ! (Sullivan se redressa d’un bond, crachant des postillons.) Ce n’est pas vrai ! Je n’y avais jamais pensé ! C’était son idée ! La sienne ! Rien que la sienne !

Cette fois encore, la scène s’assombrit. D’autres défilèrent… La lecture de l’acte d’accusation, l’audience au cours de laquelle on avait refusé de la remettre en liberté sous caution, la tentative de plaider la folie, couronnée d’échec, deux agressions par des codétenus qui voulaient la punir tout autant que moi. Puis tout prit fin.

Trsiel me lâcha la main.

— Rien, dit-il. La nixe est repartie.

— Hein ?

— Elle a regagné le monde des esprits, sans doute juste après le crime. Tant qu’elle est ici, le lien est rompu avec cette partenaire jusqu’à ce qu’elle revienne dans cette dimension.

— Et si on la tuait ?

Ce fut au tour de Trsiel de prendre l’air interdit, quoiqu’il ne le fasse qu’à l’aide d’un froncement de sourcils. Je poursuivis :

— On tue Sullivan, elle va dans le monde des esprits et contacte la nixe à partir de là-bas.

Il continua à froncer les sourcils.

— Quoi ? demandai-je. Vous ne croyez pas que ça puisse marcher ?

— Eh bien, non, je ne suis pas sûr que ça fonctionne, mais je bloque toujours sur la première partie de la solution.

— La tuer ? Oh, arrêtez. Ne me servez pas de baratin comme quoi il faut laisser la justice humaine suivre son cours. N’importe quoi. Elle a tué ses gamins. Elle mérite de mourir. C’est bien à ça que sert la grosse épée, non ? À appliquer la justice ? Il n’y a pas plus juste que ça.

— Oui, eh bien…

— Vous ne voulez pas le faire ? Laissez-moi m’en charger. Ce sera un plaisir.

L’espace d’un instant, il se contenta de me regarder fixement. Puis il secoua vivement la tête.

— Nous ne pouvons pas faire ça. Même si elle était morte, je ne parviendrais peut-être pas à contacter la nixe à travers elle.

— Et alors ? Ça ne coûte rien d’essayer. Dans le pire des cas, elle meurt, elle va dans son enfer et, oups, en fin de compte ça n’a pas marché. Quel dommage !

— Non, Eve. Nous ne pouvons pas.

Je m’avançai vers les barreaux et jetai un regard noir à Sullivan à travers eux, puis reportai ce regard vers Trsiel.

— Donc sa vie vaut davantage que celles des prochaines victimes de la nixe ? Oh, mon Dieu, non, on ne peut pas tuer cette salope meurtrière parce que ce serait mal. Et merde ! Vous savez quoi, vous m’avez avertie, hein ? Vous avez fait ce qu’il fallait. Alors si vous retourniez vous percher au septième ciel ou quel que soit l’endroit où vous traînez, en me laissant faire mon boulot ?

— Vous ne pouvez pas.

— Lire ses pensées ? Je le sais bien. Je ne peux pas non plus la suivre dans sa dimension du monde des esprits. C’est votre boulot. Moi, je vais me contenter de vous le livrer.

— Comment ? Vous ne pouvez pas influencer quoi que ce soit dans le monde des vivants, donc vous ne pouvez pas la tuer. C’est ce que j’essaie de vous dire. Je comprends que vous vouliez arrêter la nixe avant qu’elle fasse d’autres victimes, mais ce ne sera pas le cas. Pas maintenant. Tant qu’elle se trouve dans le monde des esprits, elle ne peut nuire à personne. Nous devons simplement attendre qu’elle réapparaisse…

— Alors on va rester plantés là sans rien faire ?

Son regard croisa le mien.

— Ce n’est pas la première fois que ça se produit, et ce ne sera pas la dernière. Les deux anges qui se sont lancés à sa poursuite se sont heurtés au même problème. Quand la nixe regagne votre dimension du monde des esprits, on ne peut pas la retrouver jusqu’à ce qu’elle réapparaisse dans le monde des vivants. Tout ce que nous devons faire, c’est garder celle-ci à l’œil. (Il désigna Sullivan.) Quand la nixe reviendra, elle le sentira.

— Qu’est-ce qu’elle fait ?

Il regarda Sullivan, songeur.

— Non, pas elle. La nixe. Vous dites qu’elle passe son temps à retourner dans le monde des esprits. Qu’est-ce qu’elle y fait ?

Il haussa les épaules.

— Nous l’ignorons.

— Vous ne devriez pas le savoir ? Parce qu’une chose est sûre, elle ne doit pas se dorer la pilule au soleil des Bahamas. Elle doit bien faire quelque chose.

— Peu importe. Elle ne peut tuer personne…

— Ouais, ouais. J’ai déjà entendu cette partie-là. Écoutez, si vous voulez vous tourner les pouces en attendant qu’elle réapparaisse, libre à vous. Vous m’avez dit qu’elle se trouvait dans ma dimension du monde des esprits, c’est bien ça ?

Il hocha la tête.

— Comme elle est morte sous forme de sorcière, elle est considérée comme un fantôme surnaturel, et donc…

— Parfait. Alors je vais la chercher. Si j’ai besoin de vous, je vous appellerai.

Il pinça les lèvres, l’air sévère. Avant qu’il puisse les rouvrir pour protester, je partis chercher un partenaire davantage à mon goût.

Femmes De L'autremonde, Tome 5
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